Position du problème : L’endocardite infectieuse (EI) est une maladie relativement rare mais particulièrement grave, requérant fréquemment une intervention chirurgicale sur les valves cardiaques et dont la mortalité hospitalière est élevée. En 2002, les recommandations actualisées de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) préconisaient un suivi bucco-dentaire bi-annuel pour les patients à risque et l’antibioprophylaxie pour les gestes invasifs sur les patients à haut risque d’EI. Cette étude avait pour objectif l’évaluation, sur le plan dentaire, de l’application de ces recommandations.

Méthodes : Le dossier médical du patient et le système d’information du régime d’assurance-maladie obligatoire des artisans et commerçants des Alpes ont permis le recueil, de janvier 2001 à décembre 2002, des actes bucco-dentaires et des prescriptions d’antibiotiques pour les patients exonérés du ticket modérateur pour valvulopathie ou cardiopathie congénitale.

Résultats : Parmi les 260 patients inclus, seulement 125 (48,1 %) ont bénéficié d’un suivi comportant au moins un acte dentaire sur les deux ans. L’antibioprophylaxie est souvent sous-utilisée ou inappropriée : pour les patients à haut risque d’EI, seulement 15,8 % des 57 séquences de soins invasifs étaient couvertes par une antibioprophylaxie. L’antibiotique prescrit était dans 90 % des cas une amoxicilline.

Conclusion : Le défaut d’application des recommandations devrait inciter au développement d’actions de promotion de la santé bucco-dentaire. Il conviendrait de sensibiliser les différents acteurs concernés : les patients à un suivi bucco-dentaire régulier et les professionnels de santé à l’application des recommandations.

Background: Infective endocarditis (IE) is a rare but particularly serious disease. It frequently requires surgical treatment with cardiac valve replacement. In-hospital mortality is very high. The guidelines of the Society of Infectious Pathology of French Language (SPILF) for the prevention of infective endocarditis of at-risk patients were updated in 2002. They recommended a bi-annual oral health follow-up and antibiotic prophylaxis for invasive sequences of care for high-risk patients. The objective of the study was to assess the application of the guidelines.

Methods: Using databases and medical files of self-employed persons insured by compulsory national health insurance in the Alps, we studied from January 2001 to December 2002 the oral ambulatory follow-up of patients with permanent health insurance for valvular heart disease or congenital heart disease.

Results: Among the 260 patients with valvular heart disease or congenital heart disease, 125 (48.1%) presented medical claims for at least one dental treatment. Antibiotic prophylaxis was found in 15.8% of the invasive sequences of care for high-risk patients. The prescribed antibiotic was amoxicillin in 90% of the cases.

Conclusion: Guidelines are seldom applied. Public and practitioner awareness should be improved to promote oral health: patients should regularly consult their dentist, and practitioners should follow the guidelines for the prevention of infective endocarditis.